RÉCIT D’UN MIRACLE PRODIGIEUX QUE SAINT FRANCISCO XAVIER, APÔTRE DE L’INDE, FIT DANS LA VILLE DE NAPLES EN L’AN 1634.

Lieu: Nápoles
Date: 1634
Événement: MilagroMiracle

Tiré de l’information authentique donnée par l’auditeur du très éminent Cardinal Archevêque de Naples, et de ce qui a été juré par de nombreux témoins parmi les plus qualifiés de cette ville, ainsi que du rapport que le Père Marcelo Mastrilo de la Compagnie de Jésus, sur qui le miracle a été accompli et qui l’a écrit à l’époque, a ensuite donné vocalement dans ce tribunal de Madrid par le Père Diego Ramírez de la même Compagnie.

Le miracle auquel je veux me référer, si l’on considère la manière et les circonstances, est peut-être l’un des plus rares et des plus singuliers qui se soient produits dans la Sainte Église. Je vais en raconter la partie la plus substantielle et l’occasion qui en est à l’origine.

À la fin de l’année dernière, en 1633, le comte de Monterrey, vice-roi de Naples, projeta d’organiser dans son propre palais une fête très solennelle de la très pure Conception de Notre-Dame le dimanche de son [infraoctava], qui était le 11 décembre. Et parmi d’autres dispositifs grandioses, il ordonna qu’il soit réalisé dans quatre autels somptueux aux quatre coins de la cour du palais, qui furent confiés à quatre des plus importants personnages de cette ville. L’un d’entre eux échut à Carlos Vrancaccho, frère du plus éminent cardinal de cet homme, qui voulut, pour l’arrangement, se servir de l’industrie et de l’assistance du Père Marcelo Mattrio de la Compagnie de Jésus, étant son parent et un ami très proche et expert en la matière. Il a fabriqué l’autel avec succès et toute la célébration s’est déroulée avec la grandeur attendue. Et à la fin de la fête, ce même dimanche soir, alors qu’il démontait les autels et dépouillait les murs, et que ledit Père s’occupait de ses tâches, il alla dire quelque chose à l’un des fonctionnaires qui étaient en haut, par négligence ou par malchance, l’homme a laissé tomber un marteau qu’il portait dans ses mains ou à sa ceinture, qui pesait plus de deux livres et a frappé le prêtre à la tête, du côté droit au-dessus de la tempe, ce qui, tant à cause de son grand poids que de sa hauteur, qui était de plus de quatre étages, l’a blessé très sérieusement. Le Père est tombé au sol, et a alors ressenti une grande agitation et des nausées, qui l’ont fait vomir. Un peu de sang a commencé à couler de la blessure, mais il ne semblait pas être très important. Certains sont venus le voir, d’autres non, et tous, blessés par son échec, l’ont fait mettre dans un carrosse et conduire à son collège. Les chirurgiens ont été appelés et ont fait leur travail du mieux qu’ils ont pu, et de manière plus ciblée le lendemain. Bien sûr, ils ont reconnu le danger, parce que le coup était si grand, dans une partie si délicate, et parce que les muscles et les nerfs de la tempe étaient considérablement endommagés, avec d’autres accidents et correspondances qui n’étaient pas très favorables ; surtout que le climat de la ville de Naples n’est pas du tout favorable aux blessures à la tête. Et ainsi il arriva que le troisième ou quatrième jour une fièvre ardente vint sur le souffrant, avec de très grandes douleurs dans toute la tête et plus dans la partie opposée et correspondante, au coup et charge notable de l’œil droit, sans pouvoir plus l’ouvrir, et autres accidents, ou mortels ou très dangereux. Médecins et chirurgiens le rencontrèrent et lui appliquèrent de nombreux et divers remèdes, avec lesquels, bien qu’il s’améliorât parfois quelque peu, mais jamais de manière telle qu’il ne soit pas toujours en danger manifeste de mort. Le 21e jour l’attendait, car dans ce genre de blessures, il peut s’agir du terme dont dépend seul le bon ou le mauvais succès, et ce jour-là, le processus était terminé et la sentence de mort était définitivement donnée à l’homme souffrant. Car au début de l’année (qui était déjà le 31 décembre et le dernier de l’année 33), les accidents passés se sont presque subitement aggravés et d’autres non moins pestilentiels se sont reproduits, notamment que son bras gauche était paralysé, ne pouvant plus le bouger, et que ses nerfs ou muscles des mâchoires étaient complètement corrompus, de sorte qu’il ne lui était plus possible d’ouvrir la bouche avec quelque habileté ou force que ce soit. Si peut-être les chirurgiens avec des fers et avec une violence exquise l’ouvraient un peu, mais il ne pouvait en aucun cas avaler une seule bouchée de ratatouille, ni manger quoi que ce soit d’autre, pas même une goutte d’eau ou de toute autre liqueur. Il passa ainsi ce jour et les trois suivants, sans pouvoir passer rien qui pût lui être d’aucune subsistance, et s’il lui était nécessaire de demander ou de dire quelque chose, il pouvait à peine le prononcer, et ne pouvait être compris de ceux qui l’entouraient qu’avec la plus grande difficulté. À partir de ce moment, tout le monde le considérait comme totalement désespéré, et chaque heure était censée être la dernière de sa vie. Et tous les médecins, quoique avec beaucoup de sentiment, prirent congé de lui, le voyant déjà mourir sans remède humain. Un seul d’entre eux, comme s’il était aux abois, voulut vérifier, par une expérience étrange et presque téméraire, si son incapacité d’avaler quoi que ce soit était due à la corruption des muscles maxillaires et temporaux, ou à l’obstruction et au blocage des voies respiratoires ou de la gorge, par suite de l’abondance de la mauvaise humeur : Pour cela, lui ouvrant la bouche avec des instruments et avec une grande violence, il lui mit trois fois dans la bouche une bougie de cire épaisse, à la fatigue incroyable du malade, mais sans résultat, car en lui versant quelques gouttes d’eau dans la bouche, il ne pouvait les faire passer d’aucune manière. Le chirurgien a alors clairement reconnu que le dommage venait d’en haut, de la lésion et de la corruption des muscles, et que c’était une affaire totalement désespérée. Ainsi, lui et les autres le quittèrent en tout et pour tout, et s’ils revinrent un jour, ce fut plutôt pour assister à sa mort que pour remédier à sa maladie.

À tout cela s’ajoutait le fait qu’il était déjà si immobile et si extrêmement gelé et froid que ni les fomentations ni les remèdes humains ne lui permettaient de retrouver la moindre chaleur, ni même de sentir le feu lui-même, si près qu’on l’appliquât sur lui.

C’est ainsi que le lundi 2 janvier dans l’après-midi, le père Carlos Sangri, provincial de cette province, est venu le voir pour un dernier adieu et l’a consolé et encouragé pour cette dernière transe qui était déjà si proche. Mais avant de prendre congé, le malade lui demanda avec insistance que, comme depuis quelques années il avait un fervent désir d’aller prêcher le saint Évangile aux païens dans les Indes, maintenant, non par désir de vivre, mais pour plaire davantage à Notre-Seigneur, et pour être plus dans le besoin auprès de sa divine Majesté, il lui donnerait la permission de faire vœu d’aller à cette sainte œuvre, si le Seigneur voulait bien lui donner la vie et le salut pour quelque dessein caché. Le Père Provincial le lui accorda volontiers et avec une grande tendresse, et malgré le fait de le voir dans cette extrémité, le malade fit son vœu avec beaucoup de dévotion et d’affection. Mais peu après, les Pères voyant qu’il était à la fin de sa vie et que chaque instant semblait être le dernier de sa vie, ils décidèrent de lui donner immédiatement les sacrements, comme ils le firent effectivement, je veux dire le sacrement de l’extrême-onction, car le sacrement de la Très Sainte Eucharistie n’était en aucun cas possible à cause de la remarquable oppression de sa bouche et de sa gorge que nous avons mentionnée. Le bon Père était étrangement désolé de se voir mourir sans ce très saint sacrement qu’est le viatique, et il était beaucoup plus blessé de la faim que son âme souffrait de cette nourriture souveraine que de la faim que son corps souffrait de toutes les autres depuis trois jours. Il voulait se prévaloir dans ce cas de l’intercession de l’apôtre des Indes, notre père Saint François Xavier, et pour cela il demanda aux infirmières de lui apporter une image de lui. Parmi les nombreux différents qui se trouvaient dans la maison (non sans une Providence divine particulière, bien que cela semble très probable), ils lui apportèrent immédiatement une image d’une pièce voisine sur une toile, dans laquelle le saint Père était peint comme un pèlerin, avec un manteau brun sur sa soutane et un bâton dans la main droite (en fait, comme il marchait lorsqu’il allait prêcher le saint Évangile au Japon et dans d’autres parties de l’Inde).

Ils la placèrent suspendue sur le côté gauche du lit, et avec cela le malade commença à prier avec insistance le Saint Père devant son image pour obtenir cette singulière miséricorde du Seigneur, afin de pouvoir ensuite recevoir la communion, pour laquelle il se servit également d’une relique du même Saint qu’il avait dans un reliquaire à cet endroit, l’appliquant plusieurs fois sur sa gorge pendant toute la nuit. Le matin du mardi 3 janvier arriva, et il lui sembla intérieurement que le Saint lui avait accordé la faveur de pouvoir recevoir la Sainte Communion, aussi demanda-t-il qu’on lui apporte la Sainte Communion. Et ayant d’abord fait l’expérience d’une forme non consacrée, on lui apporta le Saint Sacrement et il le reçut sans difficulté, à sa grande consolation et à l’admiration des personnes présentes. Cela était d’autant plus grand qu’ils voyaient que lorsqu’ils lui donnaient à manger ou à boire pour soutenir ou rafraîchir son corps, étant donné qu’avec la longue privation de nourriture pendant quatre jours et avec tant de souffrances, il était extrêmement faible et presque complètement épuisé, il n’était pas possible de passer à travers quoi que ce soit, quel que soit l’effort et la lutte qu’ils faisaient pour lui alors et pour le reste de ce jour.

Le malade agonisait par instants et était noyé en tout point par l’abondance de l’humeur, et il était dans un état d’esprit si corrompu qu’il baissait continuellement la tête, et c’était un grand étonnement de remarquer que son âme ne cédait pas à chaque instant. Il était déjà plus de neuf heures du soir et les Pères et Frères du Collège étaient dans la chambre du malade, autant que possible, pour l’assister dans cette transe et les autres dans l’église avec le Père Recteur, pour le recommander instantanément à Notre Seigneur. L’église était déjà meublée de noir pour l’enterrement, les vêtements et le reste avec lesquels le corps du défunt devait être enveloppé, et même le bain avec lequel il devait être lavé. Déjà dans la salle des malades, lui, bien que sain d’esprit et pas tout à fait hors d’état de parler, déjà dans les gorges de la mort, alors que tout le monde attendait à chaque instant qu’il soit englouti, lorsqu’il entendit une voix appeler deux fois son nom : “Marcellus, Marcellus”. Puis, d’une voix claire et en levant les mains de façon encourageante (ce qu’il n’avait pas pu faire depuis longtemps), il a anisé et fait signe aux personnes présentes de se taire, pour voir qui appelait son nom, et alors la même voix est revenue clairement, qui lui semblait déjà plus qu’humaine, et a de nouveau appelé son nom : “Marcellus, Marcellus”. Il lui semblait que cela venait de l’image et qu’il s’agissait sans doute d’une grande faveur de saint François Xavier. C’est ainsi qu’à un moment donné, il s’est tourné vers elle sur le côté gauche (il y avait des jours où il ne pouvait se déplacer que légèrement dans son lit avec l’aide de plusieurs personnes) : et en même temps, il s’est détourné de l’endroit où il était et de ceux qui étaient présents et de tout le reste, et s’est retrouvé dans une autre région de la vie, étrangère à tout ce qui était ici. Elle alla fixer ses yeux sur l’Image et trouva au milieu d’elle et de son lit le Saint Père, qu’elle se représenta (et reconnut immédiatement) sous sa forme même de pèlerin et avec un visage très aimable et un visage très bienveillant. Il se mit à lui parler dans sa langue italienne avec une incroyable affabilité et lui dit : ” Eh bien, que faut-il faire ? ” Et devant le silence du prêtre, il ajouta : ” Voulez-vous mourir ou aller aux Indes ? “. Le Père répondit que Nelidas ne souhaitait ni ne désirait rien d’autre que ce qui était le plus agréable à la divine Majesté. “Maintenant donc, répondit le Saint, ne vous souvenez pas du vœu que vous avez fait hier avec la permission de votre Père Provincial d’aller aux Indes si Dieu vous donnait la vie ?” Et le Père répondit qu’il s’en souvenait bien, et le Saint ajouta : “Alors dites avec moi avec joie”. Commença à dire le Saint, en lui souriant et avec un visage des plus paisibles. Les personnes présentes ont entendu, non pas ce que le Saint a dit, mais ce que le Père a dit, car c’était déjà d’une voix très claire. Et en le voyant raisonner de cette façon, la majorité s’imaginait qu’il délirait déjà (signe certain que les médecins avaient annoncé sa mort déjà présente), bien que pour d’autres il semblait que ce n’était pas du délire, mais quelque chose de surnaturel. Et ils ont tous avoué ensuite que pendant tout le temps que cela a duré, ils ont ressenti dans leur âme une consolation inexplicable et une dévotion extraordinaire, comme si quelque chose de céleste était là. Et tout le monde regardait avec un grand suspense pour voir ce qui se passait.

Ce que le Saint disait et ce que le Père répétait, et ce que les assistants l’entendaient dire, était la formule des vœux substantiels de religion, que les membres de la Compagnie font après les deux ans de noviciat, avec quelques mots que le Saint ajoutait et que le Père répétait, qui sont ceux qui seront marqués ici en lettres différentes, avec les autres dans la forme suivante.

[…Latin]Omnipotens Sempiterne Deus, ego Marcellus…Ce qui signifie en anglais : All powerful and everlasting God, I Marcellus Mastrilus, although totally unworthy of appearing in v our divine obeisance, mais en faisant confiance à votre infinie miséricorde et poussé par le désir de vous servir, je fais vœu devant la Sainte Vierge Marie, devant vous, le Saint Père François Xavier, et devant toute la Cour céleste, à votre divine Majesté, de pauvreté, de chasteté et d’obéissance perpétuelle dans la Compagnie de Jésus et spécialement dans la mission apostolique des Indes, dont j’ai également fait vœu hier en présence de mon Père Provincial, et je promets d’entrer dans la même Société (c’est-à-dire d’accepter le grade qui me sera donné dans la Société) pour y vivre perpétuellement, en comprenant tout en conformité avec les constitutions de la même Société et avec les décrets et instructions du Saint Père François Xavier concernant la mission des Indes.

J’implore donc humblement votre immense bonté et votre clémence par le sang de Jésus-Christ et par les mérites du Saint Père François Xavier, que vous ayez la bonté d’accepter cet holocauste et le vœu que j’ai indignement fait, et comme vous m’avez donné la grâce de le désirer, de l’offrir et de le voter, ainsi vous me donnez une grâce abondante pour l’accomplir et verser mon sang pour votre amour.

Lorsqu’il eut terminé cette formule, le saint lui dit d’un air affable qu’il était maintenant en bonne santé et qu’il devait remercier dûment le Christ notre Seigneur pour un si grand bienfait, et qu’en signe de gratitude et de révérence, il devait baiser les plaies du saint crucifix qui était là (le père le gardait avec lui dans son lit et presque toujours dans sa main droite, pour lui recommander son âme dans la dernière transe). Le bon Père l’a fait avec beaucoup de dévotion. Le Saint lui parla alors à nouveau et lui demanda : “As-tu des reliques de moi ?” Et quand le Père répondit que oui (car il les avait vraiment avec d’autres dans un petit reliquaire à son chevet, comme nous l’avons dit), le Saint ajouta : “Eh bien, estime-les bien”. Puis il lui demanda à nouveau s’il avait une relique du bois sacré de la Croix du Christ, et quand il répondit également oui, le Saint lui dit de toucher la partie offensée avec. Le prêtre a pris le reliquaire et l’a appliqué sur la blessure de sa tempe. Mais le saint lui fit un mouvement de la tête vers la gauche et de la tête droite, touchant sa propre tête, il lui indiqua le côté opposé à la blessure et l’engagea à toucher le côté gauche de sa tête un peu derrière et au-dessus de l’oreille, qui était la partie où le malade avait toujours, depuis le début, ressenti la plus grande fatigue.

Le prêtre appliqua donc le reliquaire sur cette partie, et le saint lui dit à nouveau : “Dis avec moi…”. Et il a dit la salutation et la prière suivantes à la Sainte Croix et le Père l’a répétée.

[…latin] En romance, c’est le cas :

Je salue l’arbre de la Croix. Je salue ta très précieuse Croix. Ali Je me dédie et me consacre totalement pour toujours et je Te supplie humblement, que la grâce de verser pour moi le sang, que l’Apôtre des Indes, Francisco Xavier, après avoir souffert tant de travaux, n’a pas mérité d’atteindre, me soit accordée, bien que j’en sois totalement indigne.

Ces paroles, le Saint les lui dit avec une dévotion inexplicable et, surtout quand il arriva au milieu de ces paroles, il montra une affection et une tendresse si graves et une tristesse et un sentiment si vifs, qu’il déclara bien l’ardent désir qu’il avait eu dans la vie de verser son sang pour le Seigneur qu’il semble que même au ciel, d’une certaine manière, il ait encore ce fervent désir de mourir pour le Christ.

Après cela, afin de mieux le préparer à accomplir son vœu et à suivre l’étendard de la Croix, le Saint voulut lui faire dire les paroles du renoncement suivant, et il les lui dit :

[…Latin]

Cela signifie : je renonce et j’abandonne mes parents et mes proches, mes amis, ma propre maison, l’Italie et toutes les choses qui pourraient m’empêcher d’accomplir la mission aux Indes et je consacre tout au bien et à la santé des âmes parmi les Indiens, de préférence au Saint Père François.

A ces dernières paroles du Saint, le Père Marcellus ajouta par dévotion : “Mon Père, mon François”. Ce à quoi le Saint lui a souri et a finalement dit avec un visage très agréable et souriant : “Soyez très encouragé et joyeux et répétez ces mêmes choses chaque jour”. Et quand il eut dit cela, le Saint disparut, ainsi que la mort et la maladie. Et au même moment, il sembla au Père Marcellus qu’il était là où il était auparavant, et il commença à entendre et à voir ce que les Pères qui étaient autour de son lit avaient dit et fait (car il n’avait rien vu ni entendu d’eux dans l’espace). Ils étaient tous remarquablement étonnés et en suspens, et chacun discutait à sa manière de ce qui s’offrait à ses yeux et à ses oreilles. Le Père trouva qu’il était en bonne santé et courageux, puis il vit qu’il avait faim, il demanda donc de la nourriture, et on lui donna un peu de ce qui était à portée de main, et il le reçut avec beaucoup d’enthousiasme. Mais il s’est ensuite souvenu qu’il était juste de remercier avant tout son bienfaiteur. Il demanda alors à toutes les personnes présentes de s’agenouiller et de réciter l’antienne, les versets et la prière de Saint François Xavier devant son image, ce qu’elles firent, répétant trois fois à sa demande ce verset : “Ora pronobis sancte Pater Francisce”. Et il a lui-même répondu trois fois de plus : “Ut dignus efficiar promossionibus tuis”. Et quand il eut fait cela, à sa demande, on lui apporta quelque chose à manger, et le Père le fit sans aucune difficulté ni pour le recevoir et le disposer dans ses mains, ni pour le mâcher ou l’avaler. À la stupéfaction et à l’étonnement de toutes les personnes présentes, qui n’en croyaient pas leurs yeux, certaines d’entre elles se demandant encore si c’était un délire du malade ou une illusion de son imagination. Mais le Père les assura, disant clairement qu’il était complètement sain et courageux grâce à notre Père Saint François Xavier et à la manière particulière et tout ce qui était arrivé, il le raconta en secret au Père Recteur qui était déjà venu de l’église. Celui-ci, pour la gloire de Dieu notre Seigneur et l’honneur de son grand serviteur, la publia ensuite à tous ceux qui étaient là, lesquels je ne saurais dire s’ils furent plus étonnés ou plus ravis de la miséricorde du Seigneur, de la rare intercession du Saint et de la merveilleuse santé du Père. Ils sont revenus plusieurs fois pour le voir et lui parler, alors qu’il était déjà assis sur son lit sans aucun support, encouragé et joyeux, et disant qu’il pourrait se lever et dire la messe le lendemain matin. Et en regardant attentivement son visage, ils le trouvèrent déjà plein et d’une couleur très vive et en tout sans trace de la maladie et de la faiblesse passées et aussi différent de ce qu’il avait été peu de temps auparavant, comme s’il était mort et consumé par le vin, et il était parfaitement guéri et en effet, demandant ses propres vêtements, il se leva aussitôt et se promena dans la pièce avec courage et avec le reste des Pères s’agenouillèrent devant l’image du Saint, qu’ils placèrent ensuite sur un autel avec de nombreuses lumières et dirent pieusement le “Te Deum laudamos” en action de grâce. Elle avait encore les bandages et les tissus de la blessure sur la tête, qu’elle a enlevés avec confiance, et ils l’ont trouvée (une chose merveilleuse encore !) sans aucune trace ou signe de la blessure, pas la moindre cicatrice, en fait comme si une telle chose n’était jamais arrivée. Avec cela, l’admiration et la joie de tous augmentèrent encore, et quand il était déjà près de minuit, plusieurs Pères sortirent de la maison pour informer les personnes qui attendaient la mort du Père, surtout ses parents et notre Père Provincial qui était dans la maison des profès, et d’autres comme eux, à certains desquels le cas semblait si exquis et incroyable qu’ils doutaient si ceux qui les informaient étaient de vrais hommes ou de faux fantômes de l’autre vie.

Mais je ne manquerai pas de mentionner à cette occasion que la veille au soir, les Pères, ne voulant rien laisser à l’essai, envoyèrent chercher un très grand chirurgien de la ville et bien connu à la maison pour appliquer je ne sais quel médicament ou caustique très efficace. Lui, contrairement à ce qu’on attendait et à ce qu’il avait l’habitude de faire, n’a pas voulu venir (peut-être parce qu’il lui semblait que l’affaire était déjà terminée) et il a dit ensuite que lorsqu’il décidait parfois d’y aller, il avait l’impression d’être retenu par quelqu’un qui, intérieurement, lui disait de ne pas y aller du tout. Et c’est sans doute que le Saint voulait qu’une santé aussi soudaine et miraculeuse ne puisse pas encore apparemment être attribuée à une quelconque médecine naturelle. Ce chirurgien, donc, sa conscience le harcelant depuis quelque temps, et sentant qu’il avait eu tort de ne pas aller à la Compagnie, il résolut de s’y rendre vers minuit, et appelant à la guérite, il la trouva avec tous les autres se réjouissant et se réjouissant de la santé miraculeuse du Père, et il entra dans la partie de la joie et sortit immédiatement pour la publier dans toute la ville.

Pendant que cela se passait, le Père Recteur, jugeant le cas aussi digne de mémoire qu’il l’est, voulut qu’on l’écrivît immédiatement, puisqu’à cette époque les espèces étaient si [vivantes] et les circonstances si fraîches. Il demanda au Père Marcellus s’il oserait le lui dicter pour qu’il l’écrive à sa place, mais le Père répondit qu’il était si bon et si travailleur qu’il pouvait l’écrire lui-même de sa propre main ; et il le fit, et d’une bien meilleure écriture que les autres fois, passant bien plus de deux heures de cette nuit-là, sans ressentir aucun mal ni aucune fatigue de ce travail, ni d’avoir tant parlé et de ne pas s’être reposé pendant tout ce temps.

Enfin, le lendemain matin, mercredi 4 janvier, arriva et le Père Marcellus, comme si rien ne s’était passé, descendit à l’église de très bonne heure et dit sa messe devant un grand nombre de personnes de toutes sortes qui étaient déjà venues et avaient reçu la communion de sa main, et il y eut d’innombrables personnes qui vinrent toute cette journée pour entendre de sa propre bouche les merveilles du Seigneur dans son saint. Et ce fut une nouvelle sorte de miracle qu’il ne ressente aucun mal, ni aucune douleur à la tête, qui était si faible auparavant, étant toute la journée et la nuit en train de raisonner avec tant de personnes de façon si continue et assistant l’après-midi pendant plus de cinq heures continues avec une grande intention et attention à l’information juridique que l’Auditeur du Cardinal Archevêque voulait faire ce même jour ; Mais en fait, la visite céleste du Saint-Père l’a laissé complètement sain et robuste, et cela s’est bien vu dans les jours suivants, car à la fin de cette semaine, sa mère est tombée malade de la maladie que Dieu lui avait prise (peut-être pour lever l’obstacle de la mission aux Indes) et le Père l’a assistée jour et nuit, sans jamais se déshabiller ni presque se reposer pendant dix jours, sans qu’elle ne ressente aucune faiblesse ni la moindre trace de ce qui était arrivé. Cette santé, cet effort et cet encouragement se sont poursuivis jusqu’à aujourd’hui, jour de la fête du même Saint et deuxième décembre, alors que le Père se trouve dans cette Cour de Madrid en route pour la mission apostolique de l’Inde et du Japon.

Ayant vu cette grande merveille à travers l’image de pèlerinage du Saint Père François Xavier, les pères de maison et les dévots de cette ville ont jugé bon de la placer dans un lieu public et décent, afin que le peuple puisse la voir, Afin que le peuple puisse la vénérer et se prévaloir de son patronage, et c’est ainsi qu’au bout de quelques jours, une procession très solennelle fut dressée, à laquelle assistèrent toute la noblesse et presque tout le peuple de Naples, et la Sainte Image fut portée dans un appareil très consacré et placée dans l’église de notre Collège, dans une chapelle de Saint François Xavier, où elle est visitée avec une fréquence et une dévotion incroyables, et notre Seigneur a fait pour elle et opère chaque jour de nombreux et très distingués miracles, dont nous pourrions faire encore un très long récit. Et la pièce où cela s’est produit est devenue une chapelle et un oratoire très pieux.

Pour une plus grande dévotion, on réalisa également plusieurs et divers transferts et copies de l’Image miraculeuse, à la demande de nombreuses personnes sérieuses et pieuses, qui les recherchèrent et les obtinrent (et certaines se trouvent déjà aujourd’hui au Collège Impérial de la Compagnie de Jésus à Madrid) et il y eut un peintre qui en réalisa près de trois cents consécutivement sans prendre le temps de peindre autre chose dans son bureau, Il voulut ensuite se tourner vers je ne sais quelles autres œuvres de son art, mais la maladie le frappa, et il mourut bientôt, ce qui fut très connu dans tout Naples, et il semble que le Saint n’ait pas voulu que la main qui avait été si délibérément employée à représenter son image miraculeuse prenne le temps de peindre autre chose. Il ne voulait certainement pas récompenser par une gloire éternelle l’artiste qui avait pris tant de peine à illustrer sa sainte image.

LAVS DEO.

AVEC LICENCE,

Imprimé à Madrid, dans l’Imprimerie du Royaume, Année 1634.

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